Reseña del libro "Le voluptueux voyage (en Francés)"
Extrait: CHAPITRE PREMIER -Avertie, il vous faut voyager. Ceci s'adressait à une grande jeune femme mince, vêtue de blanc et qui semblait un long boa souple déposé dans un fauteuil. -Vous croyez? fit-elle, surprise; et elle tendit ses bras en avant, les étira et les passa sous sa nuque lisse.-Vraiment, Bien-Aimé, vous me faites tort; je suis seulement un peu fatiguée depuis quelque temps. -Oui, oui, nous savons: les domestiques, la nouvelle cuisinière, les toiles d'araignées... sans compter vos trottes insensées sur les routes, sous prétexte d'abattre vos nerfs... mais je les aime moi, vos nerfs, quelquefois!... seulement... -Seulement? Avertie glissa un oeil inquiet vers le beau garçon qui venait de parler. Comme elle l'aimait! Comme il répondait à tous ses goûts! Elle avait toujours peur de lui déplaire et elle sentait pourtant qu'il lui serait tout à fait impossible, ce jour-là, de simuler un état d'âme. -Oui, oui, reprit-il, il vous faut voyager. S'agenouillant à ses pieds, il glissa ses bras autour de son grand corps flexible et la regarda ardemment. -Vos yeux sont paisibles, votre bouche sans désirs. Bientôt vous serez la petite chose inerte et je ne vous aimerai plus! La vanité de cette menace la fit rire franchement; elle l'embrassa sur le front. Il était tard. Avertie monta dans sa chambre et peu après vint prendre place aux côtés du Bien-Aimé, dans le grand lit à colonnes torses, encadré de rideaux cramoisis. Alors, elle jeta un regard circulaire sur la vaste pièce qu'elle avait arrangée avec tant de soins et un goût si précis. Sa pensée traîna et s'alanguit devant un panneau d'Hubert Robert représentant des jardins d'Italie; puis son oeil glissa sur deux petits Canaletto où Venise en fête, toute dorée, offrait ses charmes, et sur le beau garçon qu'elle avait près d'elle. Elle le regarda comme elle venait de regarder ses tableaux, avec la même complaisance. Son eurythmie l'enchanta. Il lui plaisait à l'égal d'un beau paysage; c'était l'expression absolue de son type. Et pourtant elle se sentit la petite chose inerte! -Oui. B.-A. Vous avez raison; j'ai besoin de voyager. Et... j'irai en Italie.... Marie-Aimery, comte de Comminges (25 avril 1862, Toulouse - 18 novembre 1925, Paris), est un militaire et homme de lettres français. Biographie Après avoir suivi son éducation sous M GR Dupanloup à Orléans, il suit la carrière militaire. Sous-officier porte-fanion du général de Négrier au Tonkin, il passe lieutenant de cavalerie et officier d'ordonnance du général Zurlinden, ministre de la Guerre. Lieutenant écuyer à Saumur, il est promu capitaine de cavalerie légère. Il devient secrétaire général de l'Union civique à Paris. Journaliste, il collabore notamment au Mercure de France. Il est lauréat de l'Académie française. Il est membre de la Société des gens de lettres et de l'Association des journalistes parisiens. Il est maire de Clairoix de 1904 à 1919. Il fait un passage au club des longues moustaches. Il était chevalier de la Légion d'honneur, de l'ordre du Dragon d'Annam, officier d'Académie et titulaire de la croix de guerre et de la médaille du Tonkin. Il est le gendre du général Godefroy de Waldner de Freundstein (1824-1917).